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Assignée en justice par les enfants de son époux, une veuve s’adresse au président Alpha Condé

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[dropcap]C[/dropcap]ette semaine, la rédaction de Conakryinfos a reçu la visite de Hadja Aminata Koba Sylla, connue sous le nom de  »Hadja Mimi » pour nous parler de l’injustice, la violence et les harcèlements qu’elle a subis et continue de subir de la part des enfants de son défunt époux.

Dans cet entretien, Hadja Mimi, mariée en 2000 à Elhadj Abdoulaye Sylla « Tout Petit » ( 2 juin 1935 – 15 Août 2011), ancien diplomate, ancien arbitre et ancien journaliste sportif, évoque la violence qu’elle a subie le jour du décès de son mari en passant par les tracasseries judiciaires au tribunal de première instance de Mafanco, où elle est sortie victorieuse, jusqu’à la Cour d’appel de Conakry, où l’affaire connait un nouveau rebondissement, malgré l’existence de l’extrait d’acte de mariage du couple certifié par les archives de l’état civil de la commune de Matam.

Après son assignation en justice par les enfants de son époux,  »Hadja Mimi » attire l’attention du président de la République sur les agissements de l’une des juges de la Cour d’appel de Conakry qui voudrait renier l’authenticité de de son acte d’extrait de mariage délivré l’état civil de Matam, au cours d’une mission à laquelle, cette juge a fait partie. Entretien.

Conakryinfos: Bonjour Madame, vous êtes aujourd’hui assignée en justice par les enfants de votre défunt mari pour  »une guerre » d’héritage. Que se passe-t-il ?

D’abord, je présente toutes mes excuses à tous ceux, qui de près ou de loin, seront touchés par mes déclarations par rapport à tout ce que j’ai subi et continue de subir aujourd’hui de la part des enfants de mon défunt époux. Depuis le décès de mon mari, je suis assignée en justice par ses enfants qui soutiennent mordicus que je n’ai pas été mari par leur père.

Hadja Mimi en compagnie de défunt mari Elhadj Abdoulaye Sylla, le jour de son retour de La Macque.
Hadja Mimi en compagnie de défunt mari Elhadj Abdoulaye Sylla, le jour de son retour de La Macque.

Conakryinfos: Qui sont ces enfants de votre mari qui vous ont assignée en justice ?

Je suis assignée en justice par les enfants de même mère de mon mari à cause de l’héritage laissé. Parmi ces enfants, on peut citer son fils aîné Alpha Amadou Sylla, l’ex-secrétaire général du ministère du Tourisme, Kadé Sylla, employée à Air France aéroport, Fatoumata Sylla, également Air France et Aminata Nyara Sylla en service à l’ENAM.

Conakryinfos: Alors, d’où est partie votre assignation en justice pour cause d’héritage de votre mari ?

Tout a commencé le jour du décès de mon mari. Mais avant le décès, lorsqu’il est tombé malade, j’ai appelé son fils aîné Alpha Amadou Sylla, à l’époque Secrétaire général du ministère du Tourisme et de l’Hôtellerie, pour venir m’aider à envoyer son père à l’hôpital.

Arrivé à la maison, Alpha Amadou Sylla est entré pour savoir l’état de son père. C’est ainsi qu’il s’est rendu compte qu’il est déjà mort. Au lieu de m’annoncer le décès de son père, il s’est violemment jeté sur moi pour réclamer la clé de la chambre. Dans cette violence sur ma personne, il a déboité mon épaule me poussant à crier fortement. Ce sont ces cris que mon jeune frère a entendu, ce dernier a accouru pour savoir ce qui se passe autour du malade.

Constatant la violence et la blessure sur mon corps, mon jeune frère a aussitôt donné un coup violent au visage d’Alpha Amadou Sylla qui s’en est sorti avec six points de suture. Le jour de l’inhumation de mon mari, tout Conakry avait constaté ces traces sur son visage bandé, dissimulé par un bonnet.

Malgré tout ce qui s’est passé, après l’inhumation de mon mari, j’ai porté les habits de veuve avec résidence au domicile conjugal.

Entre-temps, dix jours après le décès de mon mari, ses enfants m’ont assignée en justice pour une affaire d’héritage. J’ai reçu plus de dix convocations du tribunal de première instance de Mafanco; mais comme j’étais veuve, je n’ai pas pu répondre aux convocations.

C’est à la fin du veuvage après 4 mois 10 jours que je me suis présentée au TPI de Mafanco. Arrivée là-bas, on m’a dit que je suis convoquée par les enfants de mon mari à cause de son héritage. C’est ainsi que je leur ai dit que ces enfants pouvaient pourtant m’informer pour qu’on en parle en famille au lieu de transporter l’affaire au tribunal.

J’ai dit au tribunal que s’il y avait un problème concernant l’héritage de mon mari, ses enfants auraient dû me voir pour régler l’affaire à l’amiable. Car, je suis l’épouse de leur père et non sa concubine.

Au tribunal, les enfants ont dit que je n’étais pas mariée à leur père. C’est ainsi que je leur ai dit que je suis alors bénie; car n’étant pas mariée à leur père, il m’a envoyée à la Mecque, où mon retour a été célébré par toute la famille, y compris ces enfants eux-mêmes qui disent aujourd’hui que je n’étais pas mariée à leur père. En plus de cela, après le décès de leur père, j’ai passé 4 mois 10 jours de statut de veuve au domicile de mon mari.

Malgré tout, après des mois de tracasseries judiciaires au tribunal de première instance de Mafanco, le juge a tranché en me donnant raison bien qu’ils (les enfants) soient les plaignants.

Après le verdict, un jour, j’étais assise dans ma maison conjugale avec mes amies, lorsque subitement, nous avons vu l’irruption d’un groupe de loubards dans la cour. Ces loubards ont chassé mes amies et m’ont molestée par la suite. Je me suis en sortie avec plusieurs blessures sur mon corps.

Après cet incident, j’ai informé le colonel Balla Samoura qui les a convoqués à la gendarmerie de Dixinn, puis traduits au tribunal de Mafanco, où ils ont été jugés et condamnés, puis incarcérés à la maison centrale de Conakry.

Avec cette nouvelle défaite judiciaire, tous les enfants de mon mari qui avaient porté plainte contre moi, ont été arrêtés et transférés à la maison centrale de Conakry.

Dès après leur incarcération, des appels sont venus de partout pour me demander de leur pardonner pour qu’ils recouvrent leur liberté. Comme je ne pouvais pas faire la sourde-oreille à tous ces appels, j’ai finalement cédé en acceptant leur libération.

Mais, une fois libérés, ils ont recommencé à me créer des problèmes. Un jour, ils m’ont même battue à sang m’obligeant à quitter le domicile de mon défunt mari.

Ces enfants m’ont fait sortir de la maison en me brutalisant devant tout le monde. Cet événement avait même fait intervenir le gouverneur de Conakry d’alors, le commandant Sékou Resco Camara qui m’avait demandé de retourner à la maison. Je lui ai dit que je ne suis pas prête à retourner de peur qu’on ne tue à cause de l’héritage de mon mari. Depuis ce jour, je suis venue prendre un studio à Coleah pour échapper aux menaces des enfants de mon mari.

Donc, non contents du verdict du tribunal de Mafanco, ils ont interjeté appel en renvoyant l’affaire à la Cour d’appel de Conakry.

Depuis cette date, il y a cinq ans, les autorités judiciaires ont décidé de fermer le 2e et le 3e étage de ma maison conjugale à cause de mon assignement en justice par les enfants de mon défunt mari. Aujourd’hui, l’affaire est à la Cour d’appel de Conakry.

Adama Sylla, l'une des filles d'Elhadj Sylla.
Adama Sylla, l’une des filles d’Elhadj Sylla.

Conakryinfos: Alors qu’est-ce qui se tramerait à la Cour d’appel de Conakry ?

Ecoutez! Après ma victoire au TPI de Mafanco, nous assistons à la contestation de la signature de mon mari apposé sur l’extrait de mariage. Les enfants disent que je n’étais pas mariée à leur père. Ils disent que l’acte d’extrait de mariage que j’exhibe est un faux acte. Ils sont allés jusqu’à dire que je vivais en concubinage avec leur père. Ils ont dit qu’il sont les seuls propriétaires de l’héritage de mon mari qui a pourtant reconnu d’être le père d’autres enfants nés hors mariage. Malgré que je sois soit bel et bien mariée en 2000 par leur père, ces enfants continuent de me reconnaitre une femme légitime.

A ma grande surprise, un juge de la Cour d’appelle de Conakry du nom de Hawa Daraud a publié un document indiquant que mon mariage avec Elhadj Abdoulaye Sylla est illégitime. Or, lorsqu’on s’est rendus à la commune de Matam, la fouille des archives de l’état civil de la commune de Matam a confirmé la légitimité de mon mariage, célébré le 19 décembre 2000 avec le N°66. Cela a même valu la délivrance d’une attestation de validité de mon mariage par la maire de Matam, Hadja Nènè N’Koya Touré. Tous ceux qui ont célébré mon mariage sont encore vivants. Il y a Djely Diawara qui vit encore à Hafia et Tonton Tafsir de Sandervalia, le témoin de notre mariage.

Après notre mariage, mon mari a loué pour moi un appartement dans un bâtiment à étage au quartier Tombo, où nous avons passé 4 ans avant de déménager au domicile de mon mari à Moussoudougou à la demande d’une de ses enfants.

J’ai déménagé en famille grâce à l’intervention de ses filles Fatoumata Sylla (qui est venue me voir chez moi) et Aminata Nyara Sylla qui m’ont priées d’accepter de venir habiter à la maison de leur père.

Conakryinfos: Quel est le patrimoine que votre mari a laissé comme héritage ?

Mon mari a laissé des biens immobiliers, notamment des maisons à Coleah Moussoudougou et le domaine abritant le Havana Beach à Kipé. Je précise qu’avant sa mort, Elhadj Abdoulaye Sylla n’a fait donation à aucun de ses enfants. C’est le cas de Havana Beach pour lequel, j’ai entendu que sa fille Fatoumata Sylla soutient que ce domaine lui appartient, ce qui est archi-faux.

Hadja Mimi et Alpha Amadou Sylla, le fils aîné de son époux, le jour de son arrivée de La Mecque..
Hadja Mimi et Alpha Amadou Sylla, le fils aîné de son époux, le jour de son arrivée de La Mecque..

Conakryinfos: Il parait que lors du décès de votre mari, l’un de ses enfants avait dit que vous n’allez pas être veuve de son père ?

Oui! C’est Alpha Amadou Sylla qui a dit que je ne vais pas porter l’uniforme de veuve de son père à cause de mon frère qui l’a blessé au visage.

Pourtant ce jour-là, le 1er Imam de la Grande Mosquée Fayçal Elhadj Mamadou Saliou Camara (qui est un parent de mon mari) lui a demandé les raisons de sa déclaration. Mais, il n’a jamais pu se justifier.

C’est ainsi que l’imam est venu me demander sur les raisons de la blessure d’Alpha Amadou Sylla. Je lui ait dit que mon frère a réagi pour venger ma blessure par Amadou qui s’est jeté sur moi pour déboiter mon épaule.

A ces mots, Elhadj Mamadou Saliou a dit qu’il n’a pas droit de se jeter sur sa mère pour l’obliger à faire quelque chose. Il lui a intimé de me présenter ses excuses en lui disant qu’un enfant qui frappe sa mère est un maudit.

L’imam Mamadou Saliou m’a même dit d’être courageuse en me disant ceci: « Après le décès de ton mari, tu va tout subir. Désormais, tu connaitra le mauvais fils, le mauvais parent, mais aussi le mauvais voisin.

Hadja Mimi et Aminata Sylla, l'une des filles de son défunt époux.
Hadja Mimi et Aminata Sylla, l’une des filles de son défunt époux.

Conakryinfos: Comment l’ouverture de la mallette de votre mari s’est opérée?

Écoutez! Quand mon est décédé, il a laissé une mallette dans laquelle il mettais tout ce qui est confidentiel et secret. Un jour, c’est l’imam de la Grande Mosquée Fayçal Elhadj Mamadou Saliou Camara, le député de Kindia Démba Fadiga et l’imam d’Enta Elhadj Aboubacar qui m’ont prié d’accepter de leur remettre la mallette de mon mari. En plus des personnes citées, on peut aussi citer Kader, et la sœur de mon mari, Aminata Sylla et leur oncle Elhadj Lansana Sylla qui sont tous témoins de cet événement.

Après cette intervention des personnes suscitées, je leur ai dit d’aller chercher la mallette sous le lit. Ils sont allés la prendre pour l’emmener chez l’imam Elhadj Mamadou Saliou, où elle a passé 40 jours.

Après ce délai, l’imam a ramené la mallette pour l’ouvrir devant tout le monde. Lors de l’ouverture, on a retrouvé dans la mallette, l’extrait et la photo de mon mariage, l’extrait de divorce d’une femme de mon mari du nom de Djaraye, l’extrait de divorce de Mariam Hadrinne et l’extrait de décès de la mère des enfants de mon mari qui m’assignent aujourd’hui en justice. Dans la mallette, on a également retrouvé un papier sur lequel mon mari a écrit les noms de tous ses enfants qu’il reconnait. Toute cette scène s’est déroulée devant plus de 40 personnes comme témoins.

Aujourd’hui, je suis déçue des comportements de ces enfants de mon mari. Ils savent bien que c’est ici que j’ai été à la Mecque. Le jour de mon retour de La Mecque, ils étaient pourtant tous là pour m’accueillir. C’est dans cette maison de leur père que j’ai passé tout mon temps de veuvage.

J’ai même été à la base de la reconstruction de la concession familiale de mon mari à Kindia. A cela s’ajoute la construction d’une mosquée et une école franco-arabe, toujours dans le village de mon mari.

Conakryinfos: Que pensez-vous de la déchirure que connait aujourd’hui la famille de votre mari ?

Je regrette sincèrement que la mémoire de mon époux soit souillée aujourd’hui par ses enfants. C’est dommage! C’est vraiment dommage de dire à son propre père qu’il vivait en concubinage avec une femme qu’il a pourtant légitimement épousé et envoyé à la Mecque. Après le décès de mon mari, ses enfants savent que j’ai fait tout mon temps de veuvage dans sa concession au vu et au su de tout le monde, mais aussi de ces enfants qui me trainent dans la boue aujourd’hui.

La veuve en compagnie de Fatoumata Sylla.
La veuve en compagnie de Fatoumata Sylla.

Conakryinfos: Au cours de notre entretien, vous avez dit avoir peur de votre vie. Que voulez-vous insinuer ?

J’ai peur aujourd’hui de ma vie, car j’ai déjà reçu une menace de mort de la part de la fille de mon époux Fatoumata Sylla. Je lui ai répondu que si Dieu existe, elle ne pourra rien contre moi. Ce jour-là, elle a même juré sur la tombe de sa mère que va me tuer.

Donc, avec toutes ces menaces proférées contre ma personne, j’ai peur aujourd’hui. Car du vivant de mon mari, j’ai vu la même Fatoumata le menacer de mort à l’aide d’une arme automatique. Donc, si elle dit qu’elle va me tuer à cause de l’héritage que mon mari à laisser, je ne peux que dire aux autorités que Fatoumata Sylla sera responsable de tout ce qui m’arriverait.

Conakryinfos: Avez-vous un message à adresser aux autorités du pays pour attirer leur attention sur ce qui vous arrive ?

Aujourd’hui, je suis fatiguée des menaces des enfants de mari. C’est pourquoi, je demande au ministre de la Justice et aux institutions de défense des droits des femmes de m’aider à être rétablie dans mes droits. Tout ce que je demande dans le partage de l’héritage de mon mari, c’est de me donner la part qui me revient dans cet héritage.

Conakryinfos: Avez-vous un message spécifique à lancer au président de la République ?

Bien sûr! Je lance un appel pressant au président de la République qui est contre l’injustice et la violence envers les femmes. Je demande au président Alpha Condé et la Première Dame, Hadja Djènè Kaba Condé de m’aider à être rétablie dans mes droits. Il y a 5 ans que mon mari est décédé. Mais depuis le jour de son décès jusqu’à nos jours, je ne connais pas de paix avec les enfants de mon mari qui m’ont battue à sang, humiliée et renvoyée de ma maison conjugale. Tout le monde sait que j’ai été légitimement mariée par Elhadj Abdoulaye Sylla, ex-diplomate et journaliste à la Voix de la Révolution. Il y a même l’extrait d’acte de mariage du couple certifié par les archives de l’état civil de la commune de Matam.

Aujourd’hui, j’ai envie de me remarier pour avoir au moins un enfant, car je suis encore jeune. Malgré cette jeunesse, je n’ai pas encore d’enfant. Et, vu ma situation avec les tracasseries judiciaires infligées par les enfants de mon défunt époux, je ne peux pas me remarier pour prétendre avoir un enfant. Donc, je demande au président de demander à ce qu’on dise le droit, rien que le droit dans cette affaire d’héritage de mon mari.

Conakryinfos: Merci Madame.

C’est à moi de remercier Conakryinfos pour avoir accepté de se mettre à ma disposition pour dénoncer l’injustice et les menaces que je ne cesse de subir à cause de l’héritage laissé par mon mari.

Une interview réalisée par Kèlètigui Rabah Camara

Tel: 620 05 39 30

Conakryinfos.com

 

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