[dropcap]A[/dropcap]près les menaces du candidat de l’UFDG Cellou Dalein Diallo de faire descendre ses militants dans la rue pour contester les résultats de la présidentielle du 11 octobre pour cause de « fraudes massives », son vice-président en exil Bah Oury vient de se demarquer de cette décision du chef de file de l’opposition.
Pour M. Bah, l’heure n’est plus aux manifestations de protestation des résultats de la CENI, mais plutôt à la « réflexion profonde » de la situation actuelle du pays.
Dans une interview accordée à BBC jeudi, Bah Oury, connu pour ses critiques acerbes contre le régime du président Alpha, n’a pas manqué de rappeler les dommages que celui-ci a fait subir aux Guinéens, surtout à l’opposition.
« La lutte menée pour l’avènement d’une véritable démocratique en Guinée a commencé depuis plusieurs décennies. On a vu M. Alpha Condé venir au pouvoir à l’issue de ce long processus pour nous amener où chacun connait. C’est le lieu de rappeler les morts, les blessés, parfois handicapés à vie, les détenus politiques ou encore les exilés. A quoi tout ceci a servi ? », s’est-il interrogé.
Pour répondre aux adversaires du président sortant Alpha Condé qui contestent les résultats avant même leur proclamation officielle par la CENI, Bah Oury les ironise, en disant que l’issue de cette présidentielle était connue d’avance.
« J’avais prédit tout cela avant la présidentielle, mais à l’époque, on m’a pris pour un fou, un mécontent. Mais, je le savais et je l’ai dit à tout le monde que le pouvoir avait totalement biaisé le processus électoral pour éviter que le président sortant perde le pouvoir à l’issue des élections », a-t-il rappelé, ajoutant que la classe politique « n’a rien vu de concret malgré les énormes sacrifices consentis ».
Face à ces sacrifices n’ayant rien apporté pour l’organisation des élections libres et transparentes, Bah pense qu’il n’est plus question de faire descendre les jeunes dans la rue pour éviter d’allonger la liste noire des « sacrifices inutiles ».
« Il faut que les gens se donnent le temps de réfléchir profondément sur la situation de la Guinée d’aujourd’hui. Car, encore une fois, on ne se sacrifie pas pour rien », a-t-il insisté, rappelant que le président sortant sortira vainqueur de la présidentielle 2015.
Les Guinéens ont voté le 11 octobre dernier pour élire leur président de la République parmi huit candidats dont le président sortant Alpha Condé. Pendant le déroulement du processus électoral, l’opposition a crié à « une mascarade électorale », annonçant d’emblée qu’elle contestera les résultats qui seront issus du scrutin présidentiel.
Avant même la fin de la collecte des résultats au niveau des commissions administrative de centralisation des votes (CACV), les candidats Sidya Touré de l’UFR et Cellou Dalein Diallo de l’UFDG se sont retirés du processus électoral pour cause de « mascarade électorale ».
Mohamed Sylla
Conakryinfos.com