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Burundi : Nkurunziza menace de s’opposer par la force à une intervention de l’Union africaine

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pierre-nkurunziza[dropcap]P[/dropcap]our sa première sortie publique sur le sujet, Pierre Nkurunziza n’a pas mâché ses mots. Le président burundais a prévenu mercredi 30 décembre que son pays s’opposerait par la force à l’envoi de soldats de l’Union africaine (UA) sur son sol.

« Si les troupes viennent (…), elles auront attaqué le Burundi, et chaque Burundais devra se lever pour les combattre », a-t-il justifié en kirundi, la langue nationale, lors d’une conférence de presse ouverte au public, à Gitega, dans le centre du pays.

Plusieurs responsables politiques et parlementaires burundais ont déjà officiellement rejeté la création de la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) voulue par l’UA, avertissant qu’un tel déploiement sans l’aval de Bujumbura serait considéré comme une « force d’invasion et d’occupation ».

On « ne peut pas envoyer de troupes dans un pays si le Conseil de sécurité des Nations unies ne l’a pas accepté », a renchéri mercredi Pierre Nkurunziza, soulignant que, selon la résolution des Nations unies votée à la mi-novembre, « la communauté internationale doit respecter l’indépendance du Burundi ».

L’envoi d’une mission de paix, à en croire le chef de l’Etat, ne se justifie que « quand il y a deux forces belligérantes qui s’accordent sur une force d’interposition. (…) Ce n’est pas le cas ici, car nous faisons face à un problème de sécurité. Ce n’est pas une question politique, car celle-ci a été réglée par les élections ».

Une fin de non-recevoir

La crise a pourtant bien débuté avec la candidature du même Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. La décision du président de se représenter est vivement contestée par l’opposition, la société civile et une partie de son propre camp qui l’estiment contraire à la Constitution et à l’accord d’Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l’armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu.

Malgré la mise en échec d’un coup d’Etat de mai, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi quotidiennes à Bujumbura et la réélection de M. Nkurunziza lors d’un scrutin controversé à l’été, les violences n’ont cessé de s’intensifier. Elles ont pris une tournure particulièrement macabres en cette fin d’année avec l’attaque de plusieurs cibles militaires de Bujumbura et l’exécution d’une centaine de jeunes hommes en représailles.

L’Union africaine a régi en martelant qu’elle « ne permettra pas un autre génocide » sur le continent. La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, s’est déclarée mardi prête « à engager sans délai des discussions avec le gouvernement du Burundi afin de convenir des modalités de déploiement » de la mission de maintien de la paix. A cette initiative, le chef d’Etat burundais a répondu par une cinglante fin de non-recevoir.

Le dialogue interburundais en péril

Le Conseil de sécurité, auquel l’UA a soumis une proposition, ne s’est pas encore prononcé sur le sujet. Aucun détail n’a encore été fourni sur la manière dont la Maprobu pourrait être constituée et sur la date de son intervention.

La fermeté de Pierre Nkurunziza augure mal de la suite du dialogue interburundais péniblement relancé ces derniers jours à Kampala. Interrompu depuis juillet, il est censé reprendre pour de bon le 6 janvier à Arusha, en Tanzanie, mais Bujumbura a déjà fait savoir qu’il n’y avait « pas de consensus » sur cette date décidée par le président ougandais Yoweri Museveni, médiateur désigné par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC).

La présidente de la Commission de l’UA a prévenu mardi que « tous ceux dont l’action pourrait compromettre le dialogue interburundais », ce qui inclut le refus de répondre à une invitation du médiateur, « feront l’objet de sanctions ».

AFP

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