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Les avocats de Karim Wade déposent une plainte à Paris pour détention arbitraire

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karim_wade[dropcap]L[/dropcap]es avocats de Karim Wade, ancien ministre sénégalais et fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, ont annoncé avoir déposé mardi 2 février auprès du tribunal de grande instance de Paris une plainte pour dénoncer sa « détention arbitraire ». Il a été condamné en mars 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite

Cette démarche auprès de la justice française justifiée par la bi-nationalité franco-sénégalaise de Karim Wade se justifie parce que « nous ne disposons plus d’aucun recours au Sénégal et que l’Etat refuse de se conformer à ses obligations internationales », explique Seydou Diagne, le principal avocat sénégalais du condamné. Elle vise à « faire respecter ses droits dont il est privé par le pouvoir politique sénégalais », en référence à Macky Sall, vainqueur d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012.

L’avocat – membre d’un collectif dans lequel on retrouve Françoise Fabiani-Braibant, Jean-Marc Fedida et Michel Boyon ex-président du CSA – se fonde sur un nouvel avis du groupe de travail des Nations unies, basé à Genève, publié le 29 janvier, confirmant sa décision de 2015 qualifiant d’arbitraire la détention préventive dont Karim Wade avait été l’objet avant son procès. Le groupe de travail demande au « Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation et la rendre conforme aux normes internationales des droits de l’homme ». « Cet avis a force obligatoire même s’il ne peut pas la faire exécuter. Bien sûr que l’ONU ne va pas envoyer des casques bleus pour libérer Karim Wade, mais le Sénégal a obligation de se conformer à son avis », ajoute Me Diagne.

16 mois de détention préventive

Le procès du fils de l’ancien président, qui se présente comme un « prisonnier politique », s’était ouvert le 31 juillet 2014 après environ 16 mois de détention préventive. Il a été condamné en mars 2015 à six ans de prison et plus de 210 millions d’euros d’amende par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI, juridiction spéciale). Saisie, la Cour suprême, dernière voie de recours au plan national, a rejeté ses pourvois et confirmé sa condamnation en août 2015.

Le fonctionnement de la CREI, une juridiction créée dans les années 1980 mais mise en sommeil avant d’être « exhumée pour juger Karim Wade », selon les mots de Michel Boyon, a été critiquée par les organisations des droits de l’homme qui estiment qu’elle viole la présomption d’innocence. La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) avait demandé à ce qu’elle « respecte le droit et soit remaniée ». Karim Wade, surnommé « le ministre du ciel et de la terre » en raison de ses multiples attributions pendant la présidence de son père (2000-2012), était « le client idéal pour faire un exemple après la fin d’un régime corrompu, mais la CREI n’a pas réussi à prouver grand-chose à l’issue d’une instruction bâclée et un procès inéquitable », confie un défenseur des droits de l’homme.

Une démarche qui peu de chance d’aboutir

Dans un communiqué, le collectif des avocats affirme que Karim Wade « a été privé des garanties indispensables à un procès équitable » et que, « ne pouvant plus faire valoir ses droits devant la justice de son pays, il est aujourd’hui contraint, sans autre choix, de saisir la justice internationale pour poursuivre les personnes responsables de sa détention arbitraire ».

Leur démarche devant la justice française a peu de chance d’aboutir. Dans les faits, cette plainte contre X vise en effet « les dépositaires de l’autorité publique, à savoir magistrats, fonctionnaires et tous ceux qui de près ou de loin n’ont rien fait pour mettre un terme à cette détention arbitraire ». « On voit mal comment un juge français pourrait inculper le procureur général du Sénégal », glisse un avocat français qui évoque le cas de Lydienne Yen-Eyoum. Une plainte similaire a été déposée pour tenter de faire libérer cette avocate franco-camerounaise condamnée à 25 ans de prison par le régime de Paul Biya. En vain, à ce jour.

Le Monde

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