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L’opposition appelle à manifester jeudi dans tout le pays contre le calendrier électoral

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[dropcap]L[/dropcap]’opposition guinéenne appelait jeudi à manifester dans tout le pays contre le « calendrier électoral de la discorde », pour lequel le président Alpha Condé a de nouveau exclu toute possibilité de modification.

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Après une journée « ville morte » à Conakry au début du mois puis des manifestations non autorisées la semaine dernière et en début de semaine dans la capitale — avec plusieurs morts et au moins une vingtaine de blessés — l’opposition tente d’étendre sa contestation à l’ensemble du territoire.

A Paris, le chef de l’Etat, élu en 2010, a réaffirmé que la présidentielle se tiendrait en octobre, à l’échéance fixée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), excluant implicitement l’organisation du scrutin local auparavant, comme le demande l’opposition.

« La Constitution guinéenne impose que les élections présidentielles aient lieu à une date précise, sinon il n’y a plus de pouvoir », a-t-il dit à l’issue d’un entretien avec son homologue français François Hollande, réitérant des propos tenus la semaine dernière à Washington.

Au même moment, à Conakry, son ministre de la Justice Cheick Sako, en charge du dialogue avec l’opposition, minimisait la portée des déclarations de M. Condé aux Etats-Unis, pressant l’opposition de ne pas en tirer argument pour refuser « la main tendue du gouvernement ».

« Le chef de l’Etat est à l’étranger actuellement, il reçoit beaucoup de sons de cloche. Il a eu effectivement cette sortie médiatique, mais quand il va venir on va discuter », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse mercredi soir.

L’opposition, invoquant un accord de 2013 non reconnu par Alpha Condé, exige que la présidentielle ait lieu après les élections locales, de nouveau renvoyées par la Ceni, à mars 2016.

Elle redoute que les exécutifs communaux provisoires désignés par le pouvoir — faute de scrutin à cet échelon depuis 2005 — ne permettent à celui-ci d’influer, y compris par la fraude, sur le résultat de la présidentielle si ce calendrier est maintenu.

– ‘Pas justifier un hold-up électoral’ –

Selon le chef de file de l’opposition, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, — candidat malheureux au second tour en 2010 bien qu’il soit arrivé largement en tête au premier — Alpha Condé ne veut pas d’un scrutin local par crainte d’une défaite qui jetterait le doute sur sa réélection.

« Parce qu’il n’est pas facile de frauder dans les élections communales comme dans les élections nationales — il ne pourra pas justifier le hold-up électoral qu’il pourrait initier », a affirmé M. Diallo dans un entretien à l’AFP.

« On ne peut pas justifier une victoire à la présidentielle lorsqu’on a perdu toutes les communales », a-t-il souligné, estimant que « sur les 38 communes (dont les 5 de Conakry, NDLR), s’il en a 8, ce sera déjà un exploit ».

 

M. Condé s’est engagé à « un maintien de l’ordre républicain » de ces manifestations non autorisées, notamment en raison des restrictions prises pour juguler l’épidémie d’Ebola, qui s’est déclarée en décembre 2013 dans le sud du pays avant de s’étendre au Liberia et à la Sierra Leone voisins.

Ce pays d’Afrique de l’Ouest qui n’a connu jusqu’en 2010 que pouvoirs autoritaires, coups d’Etat et répressions sanglantes, n’est pas encore parvenu à capitaliser sur ses importantes ressources minières (bauxite, minerai de fer, or, diamant, pétrole).

Plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour, selon l’ONU, souvent sans accès à l’électricité, dont le manque se fait sentir même à Conakry, et à l’eau courante.

L’épidémie d’Ebola, la pire depuis l’identification du virus en 1976, a freiné les investissements et mis à nu les tensions entre pouvoir central et populations ainsi qu’entre communautés.

De tous les pays touchés, c’est en Guinée que les résistances à la lutte anti-Ebola sont les plus violentes, en particulier dans le sud, où a eu lieu le massacre en septembre 2014 à Womey de huit membres d’une mission de sensibilisation au virus.

Onze des 26 prévenus au procès de cette tuerie ont été condamnés mardi à la prison à perpétuité, et les 15 autres acquittés.

 

M. Condé, un ancien opposant emprisonné, est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française.

 

 

 

AFP

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