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Reconnaissance sociale : la jeunesse guinéenne, pas prophète en son pays ?

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De nombreux jeunes Guinéens ont été distingués ces dernières semaines dans divers concours internationaux. Mais ces talents qui hissent haut les couleurs nationales ne semblent pas suffisamment reconnus dans leur propre pays.

À Abidjan, les Guinéens viennent d’enregistrer un double succès. Le plus récent date du 3 février, quand une équipe de six étudiants guinéens d’universités publiques et privées ont gagné à Abidjan le premier prix de la première édition du concours sous-régional « Voix des jeunes », devant leurs camarades sénégalais et ivoiriens.

Juste avant eux, les « Frères Sylla » de la troupe « Tinafan », un centre de réinsertion d’enfants en situation difficile qui dépend du Centre d’art acrobatique Keita Fodéba de Guinée, remportaient au même endroit, le 16 décembre, le concours « L’Afrique a un incroyable talent », organisé par la chaîne de télé A+ devant 200 participants africains francophones et un jury conquis composé de Claudia Tagbo, Angélique Kidjo et Faly Ipupa. Avec à la clé un prix de dix millions de F CFA qui fait du bien à ces deux jeunes de 25 et de 28 ans, actuellement en tournée aux États-Unis, selon leur manager, Joseph Camara dit Joe Festi.

Doublé sur RFI

Auparavant, en novembre, le chanteur de R&B Soul Bang’s, ramenait le prix découvertes RFI, tandis que son compatriote, Kandia Kora, se classait troisième derrière le Haïtien Atis Constant. Soul qui se voit récompenser pour sa capacité à concilier musique urbaine et rythmes traditionnels succédait, à 24 ans, à son aînée Sia Tolno, lauréate du même prix en 2011. Pour la version théâtre du prix RFI, c’est un autre Guinéen, Hakim Bah, 29 ans, qui s’était vu récompenser, le 25 septembre 2016, pour son œuvre Convulsions. Mais ce n’est pas tout.

Le 7 novembre 2016, François Hollande remettait à dix lauréats le prix de la seconde édition du concours « La France s’engage au Sud ». Parmi les heureux récipiendaires, encore un Guinéen : Aguibou Barry, alias Barry Fapel, pour avoir mis sur pied en 2002 une pompe à eau à piston alternatif, enregistrée à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). Son invention a l’avantage de réduire les maladies d’origine hydrique, de diminuer les corvées d’eau chez notamment les femmes et de faciliter l’irrigation pour les petits exploitants agricoles. On en dénombre environ 1 500 commercialisées en Guinée et 500 dans toute la sous-région.

On pourrait poursuivre la liste de ces Guinéens connus ou anonymes qui font des choses extraordinaires au quotidien, dans des conditions difficiles, sans véritable structure d’appui ni promotion publique. Comme le souligne Barry Fapel : « Le Guinéen est très intelligent, c’est l’appui qui nous manque. Si l’État organisait chaque année un salon de l’invention pour encourager les chercheurs, croyez-moi, on pourrait arriver à faire de la Guinée un pays émergent ».

« Nous avons souvent le complexe de valoriser des compatriotes qui réalisent de prouesse. On n’aime pas nos modèles alors qu’on les aurait admirés et encouragés s’ils venaient d’ailleurs. C’est un vilain défaut », constate Fodé Sanikayi Kouyaté, le président de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui). Même son de cloche chez Abdourahim Diallo, opérateur culturel. « Nos héros ne sont pas suffisamment célébrés. En Guinée, on est dans ce que j’appelle le déni de repère. On ne permet pas aux jeunes d’avoir des figures en qui ils peuvent s’identifier. On préfère promouvoir les médiocres et les paresseux ».

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