Connu pour leur loyauté et leurs sorties médiatiques fracassantes, les anciens dignitaires du régime du premier président de la Guinée, Sékou Touré, restent toujours égaux à eux-mêmes. Et pour cause !
L’ancien gouverneur et ambassadeur sous la Révolution, Elhadj Biro Kanté a encore fait parler de lui, jeudi le 28 septembre, au siège national de l’ex-parti unique, le PDG-RDA au quartier Camayenne à Conakry, lors de la célébration du 59e anniversaire du NON de la Guinée à la France du Général Charles de Gaulle le 28 septembre 1958.
Pendant son discours relayé par nos confrères de Guineematin, Elhadj Biro Kanté, sans citer nommément, s’est montré très en colère contre les agissements des membres de l’Association des victimes du camp Boiro (AVCB) qui accuse le régime de Sékou Touré d’avoir éliminé physiquement plusieurs milliers de Guinéens pour des accusations portant sur des complots fomentés contre le régime. Des accusations que les victimes du Camp Boiro ont toujours rejetées.
A la mémoire de leurs parents disparus dont les corps de certains n’ont jamais été retrouvés, l’AVCB envisage d’ériger des stèles dans certains lieux symboliques, où le régime de Sékou Touré aurait procédé à des exécutions sommaires, notamment le tristement célèbre Camp Mamadou Boiro de Camayenne.
Face à ce projet de réhabilitation des victimes de la Révolution, Elhadj Biro Kanté a d’abord confirmé l’existence des complots contre Sékou Touré, avant de menacer de « brûler la bouche » de toute personne qui nie l’existence de ces « complots ».
En outre, le Révolutionnaire s’est farouchement opposé à tout projet de réhabilitation des victimes du Camp Boiro dont il promet de faire d’autres sorties médiatiques pour stopper l’élan de l’AVCB.
Content de la mobilisation autour de Mohamed Touré
« Je suis un administrateur et aussi un homme politique. Je ne suis pas un professeur. Donc, je ne peux pas vous tenir en haleine. On est venu ici pour s’amuser aujourd’hui, pour fêter une victoire. Une victoire que tout le peuple de Guinée et tous les peuples africains doivent fêter aujourd’hui. Voilà ! Un point, un trait, c’est tout !
On n’est pas venu pour nous raconter des histoires. Mais, hier comme aujourd’hui, seuls quelques hommes osent parler du 28 septembre. Je suis content, très heureux quand je vois que je suis le seul vieillard ici aujourd’hui et que toute cette jeunesse est derrière Mohamed Touré (fils du président Sékou Touré, NDLR). Victor Hugo disait à l’Assemblée nationale française : « nous ne voulons pas que nos enfants nous remplacent. Mais, qu’ils nous continuent ». Nous voyons par la mobilisation d’aujourd’hui que vous êtes en train de nous continuer. Voilà le problème ; et, vous avez du travail ».
Le courage de Sidiki Kobélé Kéita salué
Plus loin, Elhadj Biro Kanté a vigoureusement salué « le courage » de l’historien Sidiki Kobélé Kéïta qui a fait tant d’écrits pour justifier la véracité des différents complots fomentés pour déstabiliser le régime de Sékou Touré avec la complicité des Occidentaus.
« Je ne veux pas être long et je salue un seul homme ici aujourd’hui que j’ai salué hier à la RTG : c’est Elhadj Sidiki Kobélé Kéïta. Le seul Kéïta que je flatte au monde parce qu’il est le plus courageux, le seul à oser dire la vérité sur ce que le PDG a fait pour que l’Afrique devienne libre. Je sais ce que je dis blessera beaucoup de personnes, du haut en bas, je m’en fous. C’est pourquoi je ne voulais pas prendre la parole ».
Sékou Touré, le libérateur de la Guinée et de l’Afrique
« J’ai dit à mon fils Mohamed et Momo Bangoura de plaider à notre nom parce qu’à chaque fois que je parle, je heurte. Je dis ce que les gens ne veulent pas entendre. C’est la Guinée de Sékou Touré qui a libéré la Guinée et pourquoi pas l’Afrique. Cela n’est pas de moi, c’est de Lansana Conté. Voilà le problème ! Cela est parti de la date d’aujourd’hui, de la date du 28 septembre. Je suis heureux que vous soyez en train de nous fêter, fêter ce passé. Maintenant, nous allons raconter ça dans les radios et la télévision, les journalistes sont là. J’ai dit hier que ces journalistes constituent la force principale dans tous les pays. Cela n’est pas de moi parce que si vous avez le courage de faire entendre ce qu’on dit dans les studios, à la radio, à la télévision, le peuple vous suivra. On vous remercie infiniment. Soyez tous remerciés et nous prions Dieu pour que vous ayez tous longue vie, bonne santé et le courage surtout de nous continuer ».
Jamais de stèles de l’AVCB
Face à l’ampleur des activités de l’AVCB qui ne cesse de montrer la cruauté du régime de Sékou Touré, Elhadj Biro Kanté promet de briser toute stèle qui sera érigée à la mémoire des victimes du régime de Sékou Touré.
« Beaucoup tremblent aujourd’hui encore en entendant parler le nom du Président Sékou Touré ; mais, je vais vous mettre en garde. D’abord, il y a certaines personnes qui ont parlé sur des radios et j’attends d’avoir la confirmation pour pouvoir les répondre au nom de mes camarades qui sont morts et au nom de cette jeunesse montante. Quand on dit qu’il n’y a pas eu de complot, celui qui l’a dit, on va brûler sa bouche. Ensuite, j’ai appris qu’on veut construire des stèles au Camp Boiro et ailleurs à la mémoire de certaines personnes. S’ils arrivent à ériger ces stèles, nous allons les briser. On ne le construira pas. Ce n’est pas sur le dos du PDG, le dos du RDA ou d’une ethnie qu’on construira l’unité nationale ».
Le CMRN, la cause de la destruction de l’unité nationale en Guinée
Dans son discours, Elhadj Biro Kanté a accusé le régime du général Lansana Conté d’avoir détruit, à la prise du pouvoir le 3 avril 1983, l’unité nationale qui régnait entre les Guinéens sous la Révolution.
« L’unité nationale existait à la mort du Président Ahmed Sékou Touré. C’est au 3 avril 1983 qu’on a détruit cela. Nous allons dénoncer ceux qui ont fait ça afin de faire entendre la vérité à cette jeunesse montante pour qu’elle puisse s’unir comme un seul homme. Je vous remercie ».
Boua Kouyaté
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