[dropcap]A[/dropcap]près quatre ans et huit mois de détention, les six accusés militaires, arrêtés au lendemain de l’attaque du 19 juillet 2011 contre le domicile d’Alpha Condé, ont recouvré leur liberté, le jeudi 03 mars 2016, a-t-on constaté.
Il s’agit de l’ ancien chef d’état-major général des armées, le général de division Nouhou Thiam, l’ex-préfet de Dubreka, le lieutenant-colonel Mamadou Bondabon Camara, le lieutenant-colonel Kémo Condé, l’adjudant Mohamed Condé, le lieutenant Mohamed Condé et le colonel Sadou Diallo.
Ils ont été libérés au terme du jugement du Tribunal militaire qui les a condamnés au temps mis en prison, après les avoir reconnus de désertion pour Nouhou Thiam et de violation de consignes pour les cinq autres prévenus.
Le juge Sékou Keita a même justifié des circonstances aggravantes contre eux, en raison de leurs grades d’officiers supérieurs pour certains et de la période de commission des infractions, à savoir le moment de l’attaque du domicile présidentiel « par une bande armée ».
Le juge a aussi reconnu des circonstances atténuantes aux prévenus qui disent n’avoir jamais été condamnés et servent de cobayes à la juridiction militaire qui est à sa première expérience. Mais les avocats de la défense voient dans ce raisonnement une gymnastique visant à mettre l’Etat guinéen à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires pour détention illégale. La peine prononcée excède celle prévue dans le Code pénal et les deux ans requis par le procureur militaire.
« Il y a contrariété entre l’infraction prévue dans le Code pénal et la peine prononcée. Il fallait trouver un moyen technique pour correspondre au temps mis. S’il y avait eu célérité dans le traitement du dossier, les prévenus n’auraient pas fait plus de trois ans. Notre objectif principal était de libérer nos clients. La liberté n’a pas de prix », constate Me Salifou Boiro.
En fin 2014, l’Etat guinéen avait été condamné par le tribunal de première instance de Kaloum à verser 100 millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts au général Nouhou Thiam et au colonel Sadou Diallo qui l’avaient assigné en réparation, via leur avocat Me Mohamed Traoré.
L’exécution de cette décision reste lettre morte. L’avocat entend porter l’affaire devant la Cour d’appel. Pour le cas spécifique de la décision du tribunal militaire condamnant les six militaires au temps mis, Me Traoré attend l’avis de ses clients sur l’éventualité d’un recours en cassation.
Quant aux avocats de l’Etat guinéen, ils ont opté pour le silence en faisant le vide dès le prononcé de la décision.
Mohamed Sylla
Conakryinfos.com